Le président de l’Association de Défense des Droits de l’Homme et des Prisonniers, APRODH, Pierre Claver Mbonimpa, s’inscrit en faux contre la définition de l’« exécution extrajudiciaire » par Procureur Général de la République qui tend à confondre « exécution extrajudiciaire » au «génocide».
Pour Pierre Claver Mbonimpa, « quand un prisonnier est retiré de la prison par un policier, en tenue policière, armé d’un fusils de l’Etat, en utilisant aussi un véhicule de numéro d’immatriculation qui montre qu’il s’agit d’un véhicule de l’Etat et qu’on le retrouve plus tard décapité, c’est une exécution extrajudiciaire ».
Présentant le rapport de la commission sur les cas d’exécutions extrajudiciaires décriés par la communauté internationale et les organisations nationales de défense des droits de l’homme, le procureur général de la république avait défini une exécution extrajudiciaire comme étant un meurtre planifié par le Gouvernement lui-même.
« Or, les huit détenus actuellement ont agi à titre personnel, sans aucun mandat du Gouvernement, d’où la responsabilité pénale devra être établie individuellement,» a indiqué M. Bagorikunda.
« Par ailleurs, ces accusés ont même avoué avoir agi individuellement,» a-t-il ajouté, rejetant ainsi l’existence d’un quelconque cas d’exécution extrajudiciaire au Burundi.
Le président de l’Aprodh, Pierre Claver Mbonimpa, trouve que la définition donnée par le Procureur signifie « génocide », un mot plus dur et plus terrible qu’« exécution extrajudiciaire ». Selon lui, donc, c’est une façon pure et simple de continuer à étendre de l’obscurité sur les cas d’exécutions pourtant reconnus par les organisations de défense des droits de l’homme.
Dans une conférence de presse de ce jeudi à Bujumbura, le procureur de la république Valentin Bagorikunda avait annoncé que seuls huit individus sont incarcérés dans les différentes maisons de détention sur fond de torture.
Le filet tendu par la commission d’enquêtes sur les exécutions extrajudiciaires avait attrapé l’ancien vice commissaire de police à Gitega, Michel Nurweze alias Rwembe, et l’ancien responsable de la police à Gihanga Guillaume Magorwa, pour ne citer que ceux-là.
M. Bagorikunda avait balayé, d’un revers de la main, le contenu des rapports de l’Aprodh qui faisait état de 483 tués en 2011 dont plus de 180 cas d’exécutions extrajudiciaires, les déclaration des Nations Unies devant le conseil de sécurité, faisant état de plus de 60 cas d’exécutions extrajudiciaires en 2011.
Selon lui, ces rapports sont exagérés et quelques fois d’ailleurs, le président de l’Aprodh, arrive même à avancer des données d’une province quelconque que même les représentants de l’Aprodh au niveau provincial ne connaissent pas !
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« Je l’avais prédit depuis le début …»}}
Parlant des résultats et du travail accompli par la commission d’enquête sur les exécutions extrajudiciaires orchestrées contre les membres des partis de l’opposition, le président de l’Aprodh n’est pas satisfait.
« Je l’avais prédit depuis le début que les résultats ne seront pas grands », souligne Mbonimpa joint par téléphone, tout en saluant tout de même l’effort de toucher sur des dossiers un peu louches comme celui-ci.
Selon lui, ce ne sont pas uniquement les huit personnes incarcérées dans ce dossier qui sont à l’origine des centaines d’exécutions qui ont été décriées par la communauté internationale.
Aujourd’hui, la commission vient de rendre son rapport, selon toujours P.C. Mbonimpa, mais visiblement il y a peu de réponses aux questions des citoyens, de la société civile et même de la communauté internationale en rapport avec qui, pourquoi et comment plus de 180 personnes ont été exécutées par certains des corps de sécurité.
Arguant que des preuves sont déjà rassemblées, l’Aprodh promet de donner dans les joursn qui viennent, la lumière sur les raisons qui ont poussé la commission à ne pas mieux mener ses enquêtes.
La commission d’enquêtes sur les exécutions extrajudiciaires avait été nommée en juin 2012 par le procureur de la République. Elle avait deux mois pour enquêter sur les [61 cas d’exécutions annoncées par les Nations Unies ->http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=41912&Cr=Burundi&Cr1=]ou ces plus de 400 cas recensés par les organisations de défense des droits de l’homme.
[Les Nations Unies avaient été les premiers à tendre la main au Gouvernement pour la collaboration et avait même salué cette initiative.->http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=41912&Cr=Burundi&Cr1=] Si les NU avaient beaucoup espéré, l’Aprodh avait prédit son insatisfaction à la fin des travaux.
[Le Human Rights Watch, lui avait déploré des pertes des vies humaines depuis les élections de 2010, des élections qui ont été rejetées par l’opposition burundaise. 400 cas de tueries résultant des élections avaient été relevés. ->http://www.hrw.org/news/2012/05/02/burundi-escalation-political-violence-2011]
Ces rapports avaient aussi souligné que même les membres du parti présidentiel avaient été visés par des assassinats ciblés et à chaque fois, des membres du FNL étaient derrière.