Qui n’aurait pas peur d’apprendre que d’ici 2050, la température aura augmenté de deux degrés Celsius au Burundi? Un expert alerte, appelant à une bonne gestion des ressources en eau. Et tant qu’il est encore possible.
Avec toute une équipe de journalistes, à Rumonge au sud du Burundi, nous l’apprenons d’un certain Evariste Sinarinzi, un expert, un vieux loup qui vient de passer une trentaine d’années à l’institut géographique du Burundi (IGEBU). Il est parmi les fonctionnaires qui ont commencé avec cet institut. Conseiller du directeur général en matière de l’eau, du changement climatique, … tout ce qui est relatif à la météorologie, au climat et à la gestion des ressources en eau.
Ce qu’il dit, ce qu’il renseigne, fait peur à plus d’un : « tous les dix ans, au Burundi, la température augmente de 0,4 degrés Celsius ». Une étude y relative a été réalisée en l’an 2005, lors de la préparation de la première communication nationale sur le changement climatique. Monsieur Sinarinzi indique que l’équipe d’experts a travaillé sur une longue série d’observations qui va de 1961 à 2003. « Nous avons d’abord calculé une moyenne sur les trente premières années, soit de 1961 à 1990 », dit-il, ajoutant que l’on a trouvé des moyennes stables pour la température, les précipitations, etc.
C’est par après selon toujours Sinarinzi, que les experts ont utilisé des modèles de circulation de l’atmosphère, ce que l’on appelle « modèle climatique » pour projeter cette situation dans les cinquante ans à venir. Les résultats tendent à une température qui va crescendo : « en suivant ce rythme et de manière linéaire, la température augmentera de 2 degrés Celsius à l’horizon 2050 ».
Pour l’expert Sinarinzi, cela provoque une forte concentration de gaz à effet de serre dans les basses couches de l’atmosphère, ce qui maintient la surface de la terre sous une chaleur. « La terre chauffe, provoquant de graves conséquences sur la vie humaine, les plantes, la biodiversité, etc. ». Notre interlocuteur renchérit que le changement climatique frappe de plein fouet l’ensemble des secteurs économiques et sociaux. La température dépassera le seuil normal ; certaines plantes vont disparaître, … et il sera difficile pour l’homme de se mettre à l’abri de la faim.
Le consultant insiste sur un secteur qui est le plus sensible au changement climatique : l’eau. Il précise encore : « L’eau c’est la vie. Et à partir du moment où elle est touchée, tous les autres secteurs en souffrent éperdument : la santé humaine, l’agriculture, l’énergie, … ».
Curieusement, l’homme a beau crier pour le bon usage de la ressource « eau » en vue de la stabilisation du changement climatique, c’est lui-même, de par son action quotidienne, qui est à l’origine de ce changement. « En effet, dit-il, depuis les années 1850, les pays de l’Europe, de l’Amérique du nord, ont commencé à construire des usines. Ils ont développé l’aviation, le secteur de l’automobile, tout en produisant le réchauffement de l’atmosphère. Ils se sont altérés au développement certes, mais ne sachant pas le danger qui guette les nations : la pollution de l’atmosphère ».
Pour le cas du Burundi, même s’il n’a quasiment pas d’usines, ce ne sont les facteurs de pollution de l’atmosphère qui manquent. Parmi les causes directes de cette pollution figurent « la gestion des déchets, les feux de brousse, la déforestation, les mauvaises pratiques agricoles, etc. ».
En vue de parier à cette situation, l’expert Sinarinzi soutient que tous les Etats dont le Burundi, soient mobilisés pour stabiliser les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Et ce ne sont pas les outils qui manquent. Outre la convention cadre des nations unies sur le changement climatique dont il peut se servir, le pays dispose d’autres outils nationaux notamment la politique nationale sur le changement climatique, le code de l’eau, le plan d’action stratégique sur la gestion intégrée des ressources en eau, et bien d’autres instruments. Le plus grand problème réside dans le manque de personnels compétents, mais aussi le manque de moyens financiers pour la mise en application de ces outils. La balle est dans le camp des responsables concernés, mais quoi qu’il en soit, le Burundi ne doit en aucun cas se retirer du concert des Nations pour lutter contre le réchauffement climatique.