Le Forum pour la Conscience et le Développement, FOCODE, s’indigne qu’aucun effort n’a été fourni pour mettre la lumière sur les circonstances de l’assassinat du Président Melchior Ndadaye, premier président burundais démocratiquement élu, il y a maintenant 21 ans.
Dans une conférence de presse tenue ce lundi à Bujumbura à la veille de la célébration du 21è anniversaire de l’assassinat du Président Ndadaye, Pacifique Nininahazwe, président du FOCODE, a dénoncé l’inaction des pouvoirs qui se sont succédés à Bujumbura depuis la disparition du héro de la démocratie, « qu’ils soient du FRODEBU, de l’UPRONA ou du CNDD-FDD ».
« C’est très amère de voir qu’après 21 ans après un président démocratiquement élu a été assassiné et que rien n’a été fait par les pouvoirs qui se succèdent pour avoir la vérité et la justice sur cet assassinat », a-t-il regretté.
Selon Pacifique Nininahazwe, l’une des raisons qui ont fait que rien ne soit fait pour rendre justice est que tous ces pouvoirs ont fini par s’embourber dans d’autres crimes graves et qu’ils ont alors peur d’ouvrir des jugements sur ce crime pour ne pas réveiller d’autres poursuites sur les autres crimes dont certains de nos dirigeants seraient auteurs.
« Les citoyens devraient exiger de nos autorités qu’on ait la justice aussi bien sur le crime de l’assassinat du Président Ndadaye que sur les autres crimes qui ont, soit suivi, soit précédé l’assassinat du Président Ndadaye», a-t-il dit.
Le FOCODE regrette qu’en dépit de son statut de Héro de la démocratie, le Président Ndadaye reste moins connu de la majorité des Burundais, plus particulièrement de cette nouvelle génération de citoyens nés depuis son assassinat.
« Certains gardent de lui un mauvais portrait dépeint par ses adversaires politiques, d’autres de fausses idées et des préjugés suite à l’absence d’une bonne dissémination de l’idéal pour lequel il s’est battu », souligne Pacifique Nininahazwe.
Le FOCODE dénonce également ce qu’il appelle la résurgence «des pratiques antidémocratiques » que Melchior Ndadaye avait vigoureusement combattues tout au long de son combat politique. L’immixtion directe ou indirecte des militaires dans le pouvoir alors qu’ils doivent être sous autorité civile, le manque d’indépendance de la justice, les emprisonnements injustes des citoyens pour leurs idées politiques, les menaces contre les journalistes et les défenseurs des droits humains, tels sont certains des manquements aux idéaux démocratiques promus par le Président Melchior Ndadaye.
« La démocratie n’est pas seulement les élections, mais d’abord et avant tout les droits et libertés d’expression des citoyens sur la gouvernance de leur pays », a souligné le président du FOCODE.
Selon Pacifique Nininahazwe, les compagnons et l’Etat burundais gardent une dette morale envers la société burundaise pour n’avoir pas su promouvoir les idées du Président Ndadaye.
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Pour valoriser le travail du Président Ndadaye, le FOCODE demande au gouvernement d’organiser et de financer une Fondation chargée de promouvoir la mémoire du Président Melchior Ndadaye ainsi que l’idéal et les principes de démocratie dans les nouvelles générations burundaises.
Quant aux partis politiques, au moment où le Burundi s’achemine vers le processus électoral de 2015, le FOCODE leur demande, en plus d’une participation cohérente, d’écouter les préoccupations des Burundais et de proposer des programmes se référant aux 46 propositions de Melchior Ndadaye lors de sa candidature aux élections de 1993. Il leur demande également de rester à la dignité humaine et à la non-violence active.
Le Forum pour la Conscience et le Développement demande aux jeunes et à tous les citoyens burundais de privilégier la voie du dialogue et de la consolidation de la paix dans la résolution des différends qui puissent les opposer. « S.E Melchior Ndadaye avait réclamé en vain des cadres de dialogue à plusieurs reprises avant sa prise de pouvoir, le refus qu’on lui a opposé a eu des conséquences dramatiques à ne pas répéter », conclut un communiqué de presse sorti par le FOCODE ce lundi pour cette occasion.