Le phénomène des enfants en situation de rue s’amplifie malgré l’approche du gouvernement d’y mettre fin. La mairie de Bujumbura fait recours aux travaux comme stratégie de décourager le mouvement.
En avril 2019, l’ancien président Pierre Nkurunziza a donné une instruction aux trois ministères à savoir : le ministère chargé des affaires sociales, le ministère de l’intérieure ainsi que le ministère de la sécurité publique de retirer et réinsérer les enfants de la rue dans leurs familles.
Dans cette perspective, ces ministères ont rencontré à Buterere tous les intervenants œuvrant dans le domaine de l’enfant, l’administration, la police etc. Ils avaient pour objectif : trouver une solution durable à ce problème. Lors de cette réunion, Martin Nivyabandi, le ministre en charge des affaires sociales à l’époque avait mis en garde ceux qui renforcent aux enfants l’esprit de mendicité.
« Il est actuellement interdit de donner de l’argent ou d’autres produits aux enfants en situation de la rue dans l’objectif de décourager cette pratique. Celui qui sera attrapé en train de le faire sera puni conformément à la loi», déclare Martin Nivyabandi.
Le gouvernement estimait que dans une année, au moins 80 % des enfants seront retirés de la rue et réinsérés dans leur familles. Néanmoins, le nombre de nouveaux venus et de retours ne cesse d’accroître surtout à Bujumbura la capitale économique.
Les causes de la fugue
Le mouvement des enfants vers les villes est le produit des causes variées. Nous pouvons citer la dislocation des foyers (divorce), la pauvreté, l’irresponsabilité des parents, stigmatisation des enfants, etc.
«Mon père s’est marié avec une autre femme. Ma marâtre me haïssait. La fratrie de mon père ne voulait pas de moi. Les oncles maternels ont refusé d’accueillir des enfants de sexe masculin», témoigne Egide. Il ajoute : « Lorsque le gouvernement a pris une décision de nous retirer de la rue, j’ai obéi. A mon arrivée à la maison, j’ai trouvé la même situation qu’auparavant, raison pour laquelle j’ai préféré regagner les rues de Bujumbura».
Parfois, ces enfants développent un comportement indésirable. Certains d’entre eux s’adonnent aux actes de banditisme pour obtenir de quoi manger. Ils sont souvent qualifiés de déviants ou des marginaux rebelles de toute autorité.
Bientôt des corvées
La mairie de Bujumbura indique qu’elle envisage des corvées pour des enfants qui préfèrent rester dans la rue au lieu de vivre dans leur famille. Commissaire de Police Jimmy Hatungimana, le nouveau maire de la ville précise que ces travaux seront destinés aux enfants plus âgés par rapport aux autres. Et les plus petits seront scolarisés ou encadrés dans les centres de rééducation.
« Les enfants en situation de rue nous causent pas mal de problèmes mais nous allons essayer de les faire rentrer chez eux. Nous allons sélectionner parmi eux ceux qui peuvent travailler, nous devons leur faire faire des corvées. Avec celles-ci ils vont se dire que la capitale n’est plus un endroit où il faut aller jouer et pourront rentrer chez eux», révèle Jimmy Hatungimana. « C’est le meilleur moyen de les faire retourner facilement dans leurs familles», conclut-il.
Par ailleurs, la Convention Internationale des Droits de l’Enfant stipule que tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, a droit à une protection et une aide spéciale de l’Etat.