Le nombre de pharmacies ne cessent d’augmenter à une vitesse vertigineuse. Plus d’un se demande si cette explosion porte un intérêt humain ou si ce n’est pas juste un business, beaucoup plus lucratif.
Avez-vous déjà remarqué que sur la chaussée du prince Louis Rwagasore depuis la place de l’indépendance jusqu’au niveau de l’Institut Français au Burundi pas moins de 10 pharmacies de gros s’y trouvent ? La même situation s’observe sur l’avenue de la victoire, et dans presque tout le centre-ville de Bujumbura. Dans plusieurs quartiers de la ville, le nombre d’officines pharmaceutiques va crescendo.
Une explosion qui suit (ou pas) les règles
Selon le manuel des procédures d’ouverture et d’accréditation les formations sanitaires, pharmacies, magasins d’optique, écoles paramédicales, laboratoires d’analyses biomédicales et autres institutions apparentées à la santé du Ministère de la santé du Burundi, suivent quelques règles.
D’abord, ils doivent avoir un titre de propriété ou un contrat de bail d’une validité d’au moins deux ans, d’une tenue du personnel, un bon éclairage ou encore des sanitaires modernes. Ensuite, il faut que la distance entre deux officines pharmaceutiques soit d’au moins de 2 km en milieu rural et 500 m en milieu urbain et semi-urbain.
L’autre point, très important est qu’ : «une officine ou une pharmacie rurale sera implantée dans un environnement sain : à 500 m des usines et à 100 m des stations d’essence, lieu de nettoyage des véhicules, des moulins, des points de vente de ciment et autre source de pollution ». Il ne doit pas y avoir non plus une pharmacie rurale ouverte au public à l’intérieur d’un établissement de soins. A cela s’ajoute que chaque pharmacie doit disposer d’un pharmacien inscrit à l’ordre national des pharmacies et autoriser à exercer l’art pharmaceutique. Il est légitime de se demander si tout ce cortège de pharmacies respecte toutes ces règles.
Qu’en est-il de l’apport de ces officines ?
Certains habitants de Bujumbura, ne se souviennent pas de l’époque où il était impossible de se procurer d’un médicament le soir, car toutes les pharmacies étaient fermées. Mais avec le début des années 2010, les pharmacies ont commencé à travailler 24h/24.
Certes leur proximité a diminué le trajet à faire. Malgré leur multitude, le prix des médicaments ne cesse d’augmenter. Certains médicaments manquent ou se font rares, notamment les médicaments pour traités les pathologies graves.
Gérard*, pharmacien, indique que le nœud du problème est le manque de réglementation. « La loi autoriserait seuls les professionnels dans le domaine d’ouvrir une pharmacie. Mais actuellement, le secteur est peuplé d’amateurs qui ne respectent pas l’éthique et la déontologie du métier. Vous pouvez facilement trouver des commerçants propriétaires de pharmacie alors qu’ils n’ont aucune formation en la matière». S’étonne-t-il
Une autre question qu’il faut se poser est la qualité de ces médicaments. Malgré qu’il existe une agence gouvernementale, la CAMEBU (Centrale d’Achat des Médicaments du Burundi), des médicaments périmés ou retirés du marché s’observent parfois sur le marché.
En soi, la multiplication des pharmacies n’est pas mauvaise tant qu’elle respecte les règles et amène une plus-value à la population. Comme le dit Socrate, existe-t-il pour l’Homme un bien plus précieux que la santé ?
*Prénom modifié pour garder l’anonymat