À Ruyigi, 1960, ce fut une action collective, organisation féminine, pour que ce jeune Prince échappe à un attentat! Le 13 Octobre 2021, ce fut au-delà d’un symbolisme. Coïncidence ou pas, 61 ans après, jeunes et moins jeunes apprenaient à vivre collectivement. On n’attendra pas 50 autres années pour apprendre de cet événement.
“Qui est cette vieille femme sur la photo, assise à côté de vous”? Quand Claire posa la question à feu, le Mushingantahe Emmanuel Micomibi, son papa , personne des deux ne savait que le nom de Bitibaruti n’apparaîtrait presque jamais dans des livres d’histoire du Burundi.
Les années 1980, avant qu’elle ne décède, la mystique femme avait une place d’honneur, au stade de Ruyigi, à chaque occasion de la fête nationale. Le Mushingantahe n’expliquera pas beaucoup à ses enfants, qui par ailleurs n’auraient pas compris grand-chose, à l’époque.
Juste un, “Elle s’appelait Bitibaruti, et elle a fait beaucoup… beaucoup alors, pour ce pays”. Emmanuel avait l’habitude de pousser les gens, encore ses enfants, à réfléchir, au-delà de simples dires, faits et gestes, dit-on de lui.
Bitibaruti la légendaire – réelle
La vieille Bitibaruti vivait au centre de négoce, “kumuji”, dans une petite cabane, aux environs de chez Jundubu et Shakbot. Personne n’explique d’où elle était venue, ni comment elle serait parvenue à rencontrer le prince Rwagasore. De son apparence, certains croyaient qu’elle était de sang indien, d’autres arabes, comme feu Jundubu, Omar, Karura, Mohammed, Sef, mama Raya, Mgeni, et autres.
Bref, tous ces vieux amis à Micomibi, “Tayaya” à l’abbé Kirombo, Mucondo, Karamba, etc. Plusieurs ne sont plus, pour confirmer, un fait potentiellement têtu: “C’est à Gasanda que Rwagasore serait passé entre les mailles des filets tendus par ses assassins qui le poursuivaient… Bitibaruti, l’aurait habillé en femme, et coordonné la fuite.”
Autrement dit, Bitibaruti n’est pas une fiction. Et Rwagasore est passé par là, il y a échappé bel, en ces temps-là!
13 Octobre 2021: Nulle part ailleurs qu’à Ruyigi!
2021, les autorités de Ruyigi avaient particulièrement peint et repeint ce monument, pour la commémoration. “61 ans, c’est énorme pour que des faits notoires, plus encore malheureux, d’une histoire d’un pays, restent cachés”, a-t-on entendu de l’écrivain Ludo De Witte, à la BBC. Il répondait à la célèbre Florentine Kwizera, journaliste burundaise, ce jour-là. C’était à propos de son livre sur l’assassinat du Prince Rwagasore.
C’est l’Homme qui unissait les burundais, autour d’un idéal commun: l’harmonie communautaire, poursuivait l’écrivain.
Et aujourd’hui? “Pensons toujours aux nôtres”
“L’esprit sportif reste le pont de dialogue social entre jeunes et moins jeunes, en tout cas dans notre circonscription urbaine”, défense d’Antoinette Semugara, administratrice de Ruyigi, qui avait organisé un match de volleyball et de basketball, ce jour là.
C’est ce dialogue qui a clôturé ces matchs du jour, se réjouit Mélance Sindayigaya, leader du basketball dans la ville. Néanmoins, lui, comme Fiacre Nkunzimana de la victorieuse équipe “Mpungwe”, souhaitent un effort particulier et collectif dans l’entretient de ce qui reste des terrains de jeux.
“Nderagakura”! C’était l’équipe perdante du jour. “Un lien avec le célèbre volleyeur National, ton fils?” Les frères et sœurs du “volleyeur national” taquinaient Christine, leur maman, avec d’autres questions, style: “Rubamba, Nusu, et les plus jeunes, existent-ils encore, sportivement?” Elle peut en entendre parler, mais, est-ce de ses oignons?
“Nous remercions la famille Micomibi qui nous a offert ces ballons neufs. C’est un geste plus que sportif. C’est unificateur”, le sage Léopold se joignait à l’organisatrice Antoinette, pour souhaiter que de telles contributions volontiers se multiplient.
“Mais vous parlez d’un ballon?” Eric Nduwayo, médecin, est connu pour plusieurs raisons dans le Buyogoma: “De deux ballons?”, me répond-il en rigolant.
“Ah non!” rétorque-flèche, Flora de Ruyigi. “C’est un investissement, si insignifiant, une participation pour une vie communautaire, harmonieuse, de santé, etc., pour nos petits, grands frères et sœurs”, ajoute l’experte en santé publique au Canada, et contributrice pour cette initiative transformée en une journée exceptionnelle.