Les évêques catholiques burundais appellent le gouvernement et les partis de l’opposition à engager des « négociations dans l’immédiat » pour sauver l’image du pays et prévenir le pays, actuellement sous la panique, de sombrer dans des violences.
Lors de l’homélie à la Cathédrale Regina Mundi à Bujumbura ce dimanche, tous les évêques, présents, se sont montré inquiets d’un appétit exagéré des opposants de vouloir conquérir le pouvoir, ou des autorités en place qui veulent à tout prix rester au pouvoir, jusqu’à sacrifier des vies humaines.
Dans cette homélie, les évêques se sont gardé de caresser l’encolure des politiciens burundais, opposants comme ceux au pouvoir, les appelant à réduire leur appétit et à rejoindre dans l’immédiat la table des négociations.
« Que les gens ne jouent plus avec la guerre car elle nous a pris des êtres chers » a déclaré le président du Conseil Episcopal burundais, Mgr. Gervais Banshimiyubusa.
Il déplore qu’il y a des gens qui se déclarent en guerre contre le pays alors que le gouvernement semble déterminé à lutter avec les opposants, au lieu d’engager des négociations.
Quoi qu’il arrive, selon ces hommes de l’Eglise, l’aspirine de la fièvre politico-sécuritaire que souffre le Burundi se trouve ailleurs et non sur le bout des canons, comme l’expérience l’a bel et bien démontré.
{{Des enquêtes qui n’aboutissent pas}}
Le conseil épiscopal burundais s’inquiète du manque de volonté de certains agents de la justice ou de la police de mener à terme des enquêtes, surtout quand certains agents de l’Etat sont impliqués dans ces dossiers à la fois sales et louches.
Dans ces situations, quoi qu’il arrive, tous les criminels, impliqués dans des infractions de sang et autres devraient être punis, sans regarder leur origine, surtout qu’un malfaiteur n’a d’autre identité que le mal.
Selon ces évêques, certaines personnes qui se sont donné la peine de prodiguer des conseils aux autorités sont devenues des ennemies.
{{De la peur dans les cœurs des opposants et du Gouvernement}}
Selon ces évêques, les choses s’empirent, la peur gagnent de plus en plus les cœurs des burundais. Ils soulignent que les autorités au pouvoir craignent qu’il y ait des groupes qui veulent accéder au pouvoir par force, alors que les opposants sont envahis par la peur de découvrir des corps de certains des leurs, défigurés, criblés de balles ou jetés dans des rivières.
Ces évêques sont préoccupés par l’instrumentalisation de la jeunesse et de certains des agents de l’ordre, ce qui va causer des troubles dans le pays, car, estiment les évêques, partout dans le monde où la jeunesse et les corps de sécurité ont été associés dans des crimes de sang, les conséquences ont été plutôt alarmantes.
{{Mêmes les autres avaient réagi avant les évêques }}
Les violences à caractère politiques qui deviennent de plus en plus courantes au Burundi ces derniers jours avaient aussi éveillé l’attention de certaines organisations.
Les Nations Unies qui recevaient un rapport sur le Burundi, la semaine dernière s’étaient montrées» préoccupées par les « violences politiques » et des exécutions extrajudiciaires des opposants politiques.
Un communiqué rendu publique la semaine dernière faisait état de plus de 50 personnes tuées par certains des agents de l’Etat, alors que d’autres groupes armés avaient été signalés dans le pays.
Le Conseil des Bashingantahe avait fait aussi un cri d’alarme, appelant le gouvernement et les opposants politiques de s’asseoir ensemble pour trouver une voie de sortie et d’éviter que le pays ne sombre dans des cycles de violences. Le gouvernement avait cependant rejeté l’appel du Conseil des Bashingantahe, s’étonnant du fait que ce corps ne reconnait pas les réalisations positives du Gouvernement.
{{Réactions du Gouvernement}}
Le gouvernement du Burundi a accueilli favorablement ce message qui contient, selon un communiqué rendu publique ce lundi à Bujumbura, des points qui se retrouvent parmi ses préoccupations.
«Le Gouvernement du Burundi a très bien accueilli ce message surtout qu’il se trouve parmi ses préoccupations, et ce n’est pas le premier message d’apaisement lancé par les évêques catholiques chaque fois que la situation se présente comme préoccupante», lit-on dans ce communiqué.
Selon le Gouvernement, les préoccupations soulevées par les évêques sont bien fondées et sont sans doute celles du Gouvernement.
« Pour ce qui est du dialogue politique, le Gouvernement du Burundi rappelle que les portes restent ouvertes à tous les partis politiques reconnus par la loi, en témoigne les différentes rencontres organisées à l’intention de tous les partis politiques, par les plus hautes autorités du pays », lit-on dans ce communiqué.
Le Gouvernement a également fait savoir que tous les citoyens concernés par cet appel des évêques et demande aux concernés de suivre ces conseils de la part de l’Eglise Catholique.