La population qui avait des terres sur le bassin versant de ce lac du nord situé dans la région naturelle du Bugesera doit céder au lac ce qui est au lac, rien de plus. C’est dans l’objectif de faire respecter le nouveau code de l’eau du Burundi.
Ce code prévoit en effet qu’aucune activité, de construction, champêtre ou autre, n’est permise sur une largeur d’au moins 50 mètres autour des lacs de l’intérieur, ou près des rivières. Le programme WACDEP (entendez ici l’appellation en anglais : water, climate and development programme) œuvrant pour la sécurité en eau et la résilience au changement climatique, est en train d’appuyer l’Etat burundais dans la mise en application de ce nouveau code, sur deux collines de la commune Bugabira : Kigina et Gaturanda.
Certains habitants desdites collines trouvent la loi contraignante, simplement.
« Près du lac, c’est là où on pouvait cultiver et récolter, de par la fertilité et la résistance au soleil de ce lieu», indique une femme rencontrée sur place.
Elle n’est pas la seule à penser aux champs de bananiers dont les propriétaires n’ont plus le droit d’entretenir, puisque ces plantes doivent céder place cette fois aux arbres forestiers et fruitiers qui émergent peu à peu, ayant été plantés en début d’année en cours par WACDEP-Burundi. Sur une largeur de 50 mètres comme le prévoit la loi.
« Cohoha doit être protégé et regagner son espace», lance Christophe Gahungu, coordinateur national du programme, qui ajoute que la population n’a même pas le droit d’être indemnisée sur les terres cédées.
« C’est elle plutôt qui devrait indemniser le lac de ses eaux et de l’espace perdus suite à l’action de l’homme. Mais le lac est tout de même clément, doux, généreux, amoureux, … offrant le pardon à ceux qui l’ont offensé, mais qui se rachètent finalement des péchés commis à son égard », dit le numéro un de WACDEP-Burundi, qui précise qu’une cohabitation loyale entre Cohoha et l’être humain est des plus souhaitées. Objectif même de l’organisation.
Mais ces habitants ne sont pas abandonnés à eux-mêmes, à entendre M. Christophe Gahungu, de même que Jean-Paul Hakizimana, conseiller technique chargé du développement en commune Bugabira.
Des activités génératrices de revenus sont prévues à leur intention pour les accompagner dans la mise en application effective de ce programme. Christophe cite notamment le projet d’adductions d’eau potable sur les deux collines ; l’instauration d’un système de collecte d’eau des pluies qui aideront à arroser les champs (surtout que la région figure parmi celles qui connaissent prématurément la saison sèche), et d’autres projets encore.
Autour des éleveurs de bétails, on prévoit la mise en place de quelques systèmes de biogaz afin d’avoir du fumier. « Tous ces projets demandent la participation physique des habitants qui seront payés, bien que cela aille de leur intérêt », renchérit-il.
Une tache de sensibilisation revient donc à l’administration de ces gens qui doivent être regroupés en associations pour profiter de ce vaste programme. Kigina et Gaturanda sont deux collines pilotes parmi celles surplombant le lac Cohoha, et sur lesquelles le programme WACDEP compte appliquer le nouveau code burundais de l’eau.
Cinquante mètres doivent être cédés à partir du littoral pour être remplacés par les arbres forestiers sur les premiers trente mètres, et fruitiers sur les vingt derniers mètres. Le tout s’étend sur une longueur de 26 kilomètres.