Article proposé par Audace Machado
Dans un pays qui connait des pleurs à cause, pas nécessairement de la mort naturelle, de maladies ou d’accidents, le Professeur – Philosophe Liboire Kagabo tenta une compréhension sur la mort au Burundi. Sa pensée aura été dans la logique de « Nous banalisons la vie humaine, faisons éloge aux assassinats et, pratiquement, tuons et répétitivement ». Rappel très important la date du 2 Novembre –‘Halloween’ dans la croyance du continent américain- et au « pays qui n’ignore pas les massacres à grande échelle voire des génocides ». Ce Dominicain proposa une réflexion sur le sens donné à cette étape de la vie, « au pays de la majorité chrétienne ».
{{Du respect à la banalisation}}
Par parodie, le Frère Liboire préféra débuter son argumentaire, en montrant jusqu’où la haine humaine, manipulée par certaines futilités de la vie sur terre, pousse même à la haine de soi. Le philosophe évoque une histoire d’une société qui légalisa la polygamie, et à une époque où les morts ressuscitaient : « La deuxième femme, utilisant un gourdin, démolissait sa concurrente en clamant ‘que tu y retournes à jamais, et si besoin, que tous les miens disparaissent avec toi’ ». Ainsi, à sombrer dans le fétichisme, comment comprendre autrement que l’humain va jusqu’à la haine de soi-même ? Eh ben, le Dominicain sait que dans certains coins du monde, comme chez son audience, des humains massacrent encore le sang de leurs sangs, les os de leurs os. Les raisons sont multiples, mais le Philosophe ne trouve plus bas que quand on fait l’ignominie pour des raisons idéologiques : aveuglements religieux, politiques ou autres identitaires. Sur ce chapitre, le Professeur Kagabo illustra ses dires par, juste un exemple Burundais : « Le personnage se baladerait au pays, sans problème » malgré les déclarations de ce dernier que l’ecclésiastique, dans un style affichant la honte, se limita à paraphraser, « Eliminer physiquement un opposant politique est aussi, tuer ».
{{La mort, source de la sagesse ? }}
Brièvement, c’est de là que je tire le titre ce cette pensée. « Heureusement nous mourons » En tout cas, c’est aussi ce que je garde des deux longues interviews que j’ai eues avec l’Académicien Jean D’Ormesson. « C’est la seule justice que je trouve dans la vie terrestre », me disais l’écrivain D’Ormesson (Isanganiro). A entendre le philosophe Kagabo, plusieurs des auteurs de la mort –que ce soit au Burundi ou ailleurs- font encore un bras de fer avec la conception d’après le journaliste D’Ormesson, disons « à un moment, elle ramène tout le monde au même niveau, surtout que l’au-delà nous reste un mystère ». Le Dominicain rappelle le proverbe Burundais que l’on traduirait en « Qui est plus grand que toi le reste même au cimetière, par l’importante couverture de sa tombe ». Oh, ciel !
{{Pensons plutôt au finish}}
C’est vrai que la valeur de la vie humaine est moins importante dans des pays en crise que dans ceux paisibles. Et, si c’était une question de civilité et de développement, pourquoi une civilité à double vitesse et pour une même dialectique ? Dans des pays, une mort fait chuter des institutions. Simple : Nous sommes traumatisés. Par exemple, à y voir crûment, c’est en sociétés en crise ou purulent et d’une manière virale, des croyances religieuses. Néanmoins, « à la mort d’un proche, nous faisons le deuil. Toute une semaine, des fois plus. C’est-à-dire que nous refusons qu’il/elle s’en aille. Nous levons le deuil et c’est là où des soutiens sociaux se remarquent, chez nous plus qu’ailleurs. » Le prélat proposa, pour finir, «Des tueries d’un côté, un sentiment unitaire, d’un autre. Quelle contradiction extraordinaire ! »
Ça voudra dire que ce n’est pas le mystère de la mort qui est troublant, mais la cause, qui nécessite une réflexion de tous, concluait le philosophe Liboire Kagabo.