La propagation des messages de haine à travers les réseaux sociaux ou d’autres canaux de communication rappelle les périodes sombres qu’a connus le pays. De tels discours déshumanisants et diffamatoires ont provoqué par le passé une haine ethnico régionale.
Ces messages sont chargés d’injures visant le dénigrement d’un groupe cible, un individu ou tout un pays. Lorsqu’ils ne sont pas dénoncés, l’histoire a montré que ce genre de discours peut conduire à des crimes de masse contre un groupe de personnes.
Aujourd’hui, des messages se basant sur la haine ethnique envahissent surtout la toile. Ceux qui les conçoivent et les diffusent, collent à un certain groupe ethnique différents du leur, tantôt des noms d’animaux ou une identité discréditée. Tout cela pour jouir de la dignité humaine ou bénéficier certains avantages comme les postes politiques.
Selon le secrétaire exécutif du collectif des associations pour la réconciliation et l’appui aux victimes des crises au Burundi, CARAVI en sigle, les messages haineux ont été vulgarisés avant, pendant et après l’indépendance. Par conséquent, ils ont endeuillé le Burundi.
Des « clignotants de la déstabilisation des communautés »
Pierre Claver Ndayicariye président de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) explique que de tels messages publiés ont pour but de déstabiliser les communautés et devraient être bannis.
« Les messages de haine qui passent sur les réseaux sociaux, il faut qu’ils cessent. Il faut ensuite les décourager parce qu’ils ne servent pas la cause de l’unité et de la réconciliation. Ils viennent comme des clignotants de la déstabilisation des communautés», explique-t-il.
Même son de cloche que le ministre de la justice. Jeannine Nibizi justifie que de tels discours sèment la division interethnique. Elle précise que le visé peut porter plainte parce qu’il a été dénigré par des propos injurieux calomnieux.
« Normalement les messages haineux peuvent être la cause des troubles sociaux. Ça peut aussi porter atteinte à la sureté intérieure de l’Etat. D’ailleurs le Code pénal prévoit des sanctions contre les auteurs de ces messages s’il s’avère que ça fait objet de trouble», insiste-t-elle.
Que disent la charte de l’unité et l’accord d’Arusha ?
Après des violences interethniques répétitives depuis le renversement de la monarchie en 1965, les tueries entre les Hutu et les Tutsi en 1972 puis en 1988, les Burundais ont songé à la réconciliation.
Pour tenter de couper court à ces tristes évènements, ils se sont concertés sur la charte de l’unité nationale par référendum du 5 Février de 1991, promulgué le 9 Février de la même année. Ce texte historique consiste à réconcilier les burundais dans leurs différences. Malheureusement, il a voué à l’échec suite à l’assassinat du premier président démocratiquement élu Melchior Ndadaye en 1993. Cet assassinat marquera le début de la guerre civile.
Aussi après une longue période de guerre civile, les Burundais se sont encore une fois engagés à vivre en harmonie loin de leurs différences ethniques, régionales et religieuses. Ainsi un Accord de paix a été signé en 2000. Cet accord prévoit des mécanismes de réconciliation dont la commission vérité et réconciliation et l’observatoire national pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.