Euphrasie Barute, « persona non grata »

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    {{Originaire du secteur Gabiro-Ruvyagira à 2 km du bureau communal de Rugombo, Euphrasie Barute vit depuis une année au cachot de la zone Cibitoke. Cette nouvelle adresse lui a été contrainte par une histoire de sorcellerie qui l’expose au lynchage populaire, elle est considérée au village comme l’assassin d’une jeune fille de 22 ans du secteur Mparambo II de la même commune qui se préparait à un mariage. Cette fille aurait été retrouvée le lendemain chez Euphrasie Barute alors que la population la croyait morte après l’avoir enterrée. A Mparambo II, sauf sa fille Elisabeth, cette sexagénaire est seule contre tous, y compris l’administration.}}

    Rencontrée dans sa cellule où elle est pour le moment hébergée, Euphrasie Barute rejette en bloc toutes ses accusations. « C’était la troisième fois que j’échappais bel et bien à la mort », raconte-t-elle avec un air inquiet. Interrogée pour savoir les raisons à l’origine de toutes ces allégations, elle affirme tout simplement qu’il s’agit des gens mal intentionnées qui veulent récupérer ses propriétés foncières. Et à en croire ses propos, certains de ses voisins sont jaloux de l’immensité des terres très fertiles à sa possession.

    Pour le moment cette femme de 68 ans vit dans une psychose de peur et ses mouvements sont contrôlés. Un agent de la police rencontré sur place affirme qu’il s’agit d’une stratégie d’assurer sa sécurité. « Toutes les personnes qui viennent ici ont la curiosité de voir cette mystérieuse femme sorcière. Ce qui est choquant, elle est stigmatisée à la fois par ses codétenues mais aussi par tous les passants », renchérit-il.

    Elisabeth Nahiboneye de 48 ans, fille aînée d’Euphrasie Barute parle d’une situation inquiétante au moment où même ses voisins la voient d’un mauvais œil dès qu’elle rende visite à sa mère. « A présent, je suis taxée de sorcière. Je suis accusée d’avoir pris la place de ma mère », témoigne-t-elle. Selon ses dires, sa maman a eu seulement deux filles avec d’énormes étendues de terres, leurs voisins auraient voulu s’accaparer une partie de leurs propriétés foncières. C’est à ce moment, continue-t-elle qu’une histoire de sorcellerie a été montée. « Je reste convaincue que ma mère n’y est pour rien. De toutes les façons, des conflits fonciers sont à l’origine de toutes les accusations de sorcellerie portées contre elle », fait-elle savoir avec les larmes aux yeux. Et pour étayer ses propos, Elisabeth Nahiboneye affirme sans équivoque qu’une partie de leurs terres est pour le moment exploitée par les ennemis de sa maman.

    Détention ou protection ?

    La situation d’Euphrasie Barute préoccupe l’administration provinciale de Cibitoke. Anselme Nsabimana Gouverneur de cette province qui fait frontière avec la RDC, dit que c’est l’administration qui assure pour le moment la prise en charge médicale de cette détenue. Contacté pour savoir l’avenir de cette femme, Anselme Nsabimana fait savoir qu’une parcelle sera octroyée à Euphrasie Barute dans le village de paix qui sera érigé non loin du chef-lieu de la province. « Au cas où elle retourne à Rugombo, sa sécurité risque d’être menacée. Avec cette parcelle, elle aura la possibilité de se construire sa propre maison ».

    Les défenseurs des droits de l’homme recommandent de fortes sensibilisations à l’endroit de la population. De leur coté, la justice populaire doit être éradiqué dans un État de droit.

    Le parquet de Cibitoke quant à lui se dit faire face à une situation difficile à gérer, aucun dossier de sorcellerie n’arrive devant le juge. Dans l’entretemps la population préfère s’en occuper au grand dame des personnes accusées malgré leur présomption d’innocence surtout dans les communes de Mugwi, Mugina et Rugombo.

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