C’est un roman historique d’Aloys Misago qui vient de paraître. Il relate les événements de 1972 dans un roman intitulé «{ La descente aux enfers } » paru vers fin 2012.
L’histoire se déroule au Burundi, et plus précisément en 1972 au troisième trimestre de l’année scolaire 1971-1972. Un gamin de 14 ans est en 8ème au Lycée Koppers à Nyakabiga, en ville de Bujumbura.
Il fait face à une tragédie qui a coûté la vie à plus de 200.000 personnes dont son père Tema et ses deux frères dont un certain Mina selon le narrateur de l’histoire. Originaire de la commune de Vugizo au sud du Burundi, cet élève va survivre aux massacres grâce d’abord à son collègue d’origine rwandaise du même lycée et d’ethnie contraire à la sienne, ensuite grâce à Nasi une fille tutsie, une autre personne venue en sauveur à cet élève dont la famille a d’ailleurs lutté contre les tueries sur la colline de Mutobo, dans la commune actuelle de Vugizo.
Le malheur ne vient jamais seul dit-on. Au moment où le jeune Ndayiragije venait d’arriver à la maison natale, dans les montages de Vugizo, la tension se montre très vive. Des cas d’assassinat des intellectuelles avaient été signalés et Ndayiragije avait peur de subir le même sort que son père qui venait de mourir. Il devait se cacher dans la brousse avec ses frères pour échapper aux massacres. Les choses se sont compliquées au fils du temps, et pour Ndayiragije, et pour les autres habitants de cette contrée. Quitter la famille était la dernière solution.
Selon le narrateur, la décision de fuir le pays comme les autres, surtout son grand frère Bagoye était alors un dernier choix. L’enfant de 14 ans du nom de Ndayiragije fera presque le tour de Makamba (cette province du sud du pays qui été touchée par la crise de 1972) cherchant à se rendre en Tanzanie. Il se heurtera à la vigilance des soldats et de certains jeunes du parti au pouvoir (de l’époque) c’est-à-dire le parti Uprona.
Le chemin de l’exile n’a pas aussi été facile. Ce chemin sera le plus long, le plus dur jonché de la famine, des maladies des bombardements et même des conflits entre fugitifs eux même. Même des victimes ont été enregistrées comme le raconte le narrateur, visiblement déguisé dans le personnage principal Ndayiragije.
Les choses n’ont pas été faciles même sur la terre d’exile, nous dira le narrateur. Même en Tanzanie, les avions chasseurs du régime de Micombero ancien président du Burundi ont fait des dégâts poursuivant les « ennemis » de son régime selon Bujumbura ou les innocents selon l’expression narrateur. Ndayiragije qui a survécu aux différentes séries de chasse à l‘homme depuis sa capitale Bujumbura, puis dans sa commune de Vugizo d’origine, puis encore sur le chemin de l’exile, a failli laisser les dents dans un bombardement opéré par les militaires burundais sur le sol Tanzanien.
La Tanzanie terre d’accueil n’a pas été aussi bonne pour les réfugiés burundais. Certains ont été tués d’autres emprisonnés et vivaient dans la grande terreur semée par les militaires tanzaniens et surtout ceux qui vivaient en dehors des camps de réfugiés. Beaucoup d’autres burundais, surtout ceux qui avaient fui depuis les années 1965, avaient même changé de nom et de confession pour ne pas se faire repérer par l’administration.
C’est le cas de Bagoye, grand frère (si non demi-frère de Ndayiragije) qui avait quitté sa propriété de Kigwena (Rumonge) de sa famille en 1965 pour s’installer à Ujiji et se convertir à l’islam pour porter le prénom d’Amissi à la place de Donatien. Ses enfants avaient changé de langue et parlaient désormais Swahili. Il restait malheureusement l’ennemi juré du grand frère de Ndayiragije, du nom de Ndiyunze, qui avait lui aussi foui son pays avec le début de la crise de 1972. Les deux avaient comme conflit, le fait de ne pas partager une seule mère, juste le jeu fréquent à la campagne.
Bagoye Donatien, devenu Bagoye Amissi représente ici, des milliers des burundais qui ont quitté leur pays avant même les événements sanglants de 1972 et qui ont réussi à se faufiler dans les communautés d’accueil, surtout en Tanzanie et qui sont devenus des tanzaniens refusant toujours d’être appelés des burundais.
Les images du Burundi sont bien dessinées aussi. Un pays des collines, du café, des hautes montagnes, des affaires, etc. Dans ce roman, on voit aussi des images des enclos sur les montagnes, juste comme ça se voit même aujourd’hui, une vraie vie des burundais vivant à la campagne dans des maisonnettes couvertes de pailles.
{{La femme…}}
La femme dans ce roman-portrait d’une période donnée de l’histoire donne une place importance à la femme burundaise. L’enfant, du moins cet adolescent de 14 ans se trouve sous la protection de sa mère, une veuve endeuillée par ces événements mais qui ne cache jamais son courage de sauver ses enfants.
L’autre figure féminine de ce roman est la sœur du personnage Rosa, une élève au secondaire à Bujumbura et qui va garder un œil sur son petit frère Ndayiragije de Bujumbura à Mutobo leur colline natale, à l’intérieur du Burundi. C’est cette même fille qui va se charger de donner de la nourriture à ses frères qui se cachaient dans la foret par peur de se montrer en publique et de se faire tuer par conséquent.
Les deux figures se présentent comme des sauveurs, des protecteurs de la société. Les femmes de La Descente aux enfers ne sont pas impliquées dans ce conflit. Elles sont présentées comme de bonnes conseillères et des protectrices des familles.
Le Roman d’Aloys Misago dessine la fracture qui s’opérait au sein de la société burundaise à l’époque et surtout la fracture entre les deux ethnies burundaises, celle des Hutus (majoritaires et opprimés) et celle des tutsis minoritaires.
Cependant, l’auteur ne veut pas que le lecteur garde une dent contre qui que ce soit. Dans ce roman historique, le narrateur se fait défenseur de l’unité et de la réconciliation entre les burundais. L’unité et la réconciliation sont ici les grandes conclusions de ce roman paru vers fin 2012.