CIRGL: 1er anniversaire de l’accord de paix sur la RDC, défis et espoirs

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    Une année après la signature des Accords de paix, de sécurité et de coopération sur la RD Congo et l’ensemble de la région des grands lacs à Addis-Abeba par les Chefs d’Etats de la conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs, la communauté internationale et l’Initiative régionale restent déterminées à neutraliser tous les groupes armés qui pullulent à l’est de la République Démocratique du Congo pour une paix durable dans ce pays et dans toute la région. C’est ce qu’on indiqué l’ambassadeur Boubacar Diarra, représentant spécial de l’Union Africaine dans la Région des Grands Lacs et au Burundi, et Touré Mudibo, Conseiller de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies dans la région des Grands Lacs, lors d’une conférence de presse qu’ils ont animée conjointement ce lundi à Bujumbura à l’occasion du 1er anniversaire desdits accords.

    Les deux diplomates ont indiqué qu’après la neutralisation du M23 en novembre dernier, beaucoup reste à faire mais que des actions importantes sont en cours pour mettre un terme à tous les groupes armés dans cette partie de la RDC, tels que le FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda), ADF Naru (Allied Democratic Forces, une rébellion ougandaise), et toute une centaine d’autres.

    Ils ont souligné que l’Accord d’Addis-Abeba contient tout ce qui est requis pour la restauration de la paix et de la stabilité à l’est de la RDC et dans toute la région des grands lacs.

    « Ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou un soutien quelconque aux groupes armés; respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays voisins; ne pas s’immiscer dans les affaires internes des pays voisins; respecter les préoccupations et les intérêts légitimes des pays voisins, notamment en matière de sécurité », voici certains des engagements pris par les chefs d’Etats de la CIRGL.

    En plus de ces engagements en matière de sécurité, le renforcement de la coopération régionale, y compris l’approfondissement de l’intégration économique, avec un accent particulier sur l’exploitation des ressources naturelles; le désengagement envers toute personne accusée de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, actes de génocide ou crimes d’agression, ou toute personne soumise à un régime de sanctions imposées par les Nations Unies; ainsi que la facilitation d’une administration judiciaire à travers la coopération judiciaire dans la région, sont d’autres engagements pris par la sous-région en vue du renforcement de la sécurité.

    {{D’où vient cet accord sur la RDC ?}}

    La prise de la ville de Goma par les rebelles du M23 (constitué des militaires congolais qui se sont mutinés en avril 2012) le 20 novembre 2012, aux yeux de la force onusienne, constituait un choc pour l’ensemble de la communauté international en général, mais pour les Chefs d’Etats de la CIRGL en particulier, qui ne pouvaient plus tolérer qu’une partie d’un Etat souverain, la RDC, soit aux mains d’un groupe rebelle.

    Cette situation a poussé ces chefs d’Etats à se réunir en sommet extraordinaire à Kampala pour débattre de cette question et faire une évaluation de l’accord du 23 mars 2009 signé à Nairobi entre le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple de Laurent Nkunda) et le gouvernement de la RD Congo, accord qui selon le mouvement du 23 mars 2012, n’était pas appliqué à la lettre par le gouvernement de Kinshasa, pour justifier cette offensive contre Goma.

    A l’issu de ce sommet, la CIRGL ordonne au M23 de quitter Goma sous peine de se voir confronté à un complot international. Le M23 quitte cette capitale provinciale du Nord Kivu le 1er décembre pour s’installer sur des collines stratégiques, à une vingtaine de kilomètres, pour attendre la suite du processus enclenché par l’accord de Kampala, et l’ouverture de négociations avec le pouvoir de Joseph Kabila qui se concrétisera au début de décembre 2013.

    Alors que le processus continue tant bien que mal à Kampala, les 11 chefs d’Etats de la région se réunissent à Addis-Abeba le 24 février 2013 pour un sommet qui se soldera par la signature d’un accord-cadre destiné à ramener la paix dans l’est de la République démocratique du Congo en proie aux conflits qui perdurent depuis des années. Ce conflit dans le Nord Kivu étant devenu une menace de l’ensemble de la sous-région, malgré la présence d’une force onusienne de plus de 17 milles hommes.

    Parmi les engagements pris au sujet de cet accord figure «une revue stratégique de la Mission de stabilisation de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUSCO) afin de renforcer son appui au gouvernement pour faire face aux enjeux d’ordre sécuritaire et favoriser l’expansion de l’autorité de l’Etat», signe fort d’une ferme détermination de la communauté internationale à mettre un terme aux conflits dans la région des grands lacs.

    Les engagements pris accélèrent les événements. Le 28 mars 2013, le Conseil de sécurité de l’Onu adopte la résolution 2098 créant une brigade spéciale de près de trois mille hommes chargée de neutraliser les groupes armés opérant dans l’Est de la République démocratique du Congo. Cette brigade sera formée de trois bataillons d’infanterie, assistés d’une compagnie d’artillerie et d’une compagnie de reconnaissance et de forces spéciales.

    Par cette résolution, la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) pourra désormais mener des opérations offensives et ciblées, seule ou aux côtés de l’armée congolaise, dans le but de stopper le développement de tous les groupes armés, les neutraliser et les désarmer.

    Pas de temps à perdre. Quelques semaines plus tard, l’arrivée à Goma du commandant de cette Brigade onusienne le 24 avril, marque déjà le déploiement du premier contingent sud-africain fort d’environ 800 hommes, qui seront rejoints par d’autres en provenance du Malawi et de la Tanzanie au mois de juillet.

    {{Le M23 se croit fort pour résister}}

    Le Mouvement du 23 mars, principal groupe rebelle aux prises avec les forces gouvernementales congolaises autour de Goma, figure parmi les groupes rebelles à combattre dans l’est de la RDC, mais ne croit en aucun cas à un échec imminent. Il ne voit pas d’un bon œil la mise en place de cette brigade et reste déterminé à la combattre. Bertrand Bisimwa, son président, croit tenir tête haute devant ce nouvel engagement de la communauté internationale. Le M23 décide de quitter le processus le 25 avril pour continuer la guerre et se préparer à affronter la brigade qui commençait à se déployer sur terrain.

    Alors que le processus de négociations entre les deux côtés entamé en décembre 2013 boite, les combats font rage sur terrain. La Brigade spéciale d’intervention entre en guerre au côté des forces armées congolaises, FARDC, vers le mois d’août, après que ses hommes ont été attaqués par le M23, causant des blessés.

    Au fur et à mesure que les jours avancent, les FARDC appuyées par la brigade onusienne, prennent le dessus. Le M23 perd énormément de terrain selon que l’engagement militaire des forces onusiennes se renforce.

    Après d’intenses combats entre les FARDC et le M23, le principal groupe rebelle congolais est chassé de toutes ses positions et Bertrand Bisimwa signe enfin l’armistice le 03 novembre pour continuer avec le processus politique.

    « «Nous […] ordonnons […] la cessation immédiate des hostilités avec les Forces armées de la République démocratique du Congo … pour permettre la poursuite du processus politique», pouvait-on lire dans son communiqué sorti à cet effet.

    {{M23 anéanti, et après?}}

    Ce long trajet entamé en décembre 2012 se termine par la signature le 12 décembre 2013 de deux déclarations: l’une signée par le M23 renonçant définitivement à la rébellion armée vers une voie politique et un communiqué conjoint signé par les Présidents en exercice de la CIRGL et de la SADEC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Australe dont fait partie la RDC).

    Maintenant que la rébellion du M23 a été anéantie, la tâche reste importante pour parer à toute résurgence d’une telle rébellion, mais aussi pour anéantir d’autres groupes rebelles qui se comptent en une centaine.

    Selon l’Ambassadeur Boubacar, un mécanisme complet a été mis en place pour suivre la mise en œuvre des engagements tant nationaux à la charge de la RDC que régionaux et internationaux.

    Confiant de pouvoir éradiquer tous les groupes rebelles qui restent en RDC, l’Ambassadeur Boubacar indique que ces engagements permettront à mener une grande réflexion sur les causes profondes de ces conflits récurrents dans ce pays au sous-sol riche en minerais, mais dans toute la région des Grands Lacs.

    L’Est de la RDC est considéré comme base arrière de plus d’une centaine de groupes rebelles qui sévissent dans la région des Grands Lacs. Beaucoup d’observateurs croient que la stabilisation de cette partie amènera à une paix totale dans toute la sous-région.

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