Kayanza, il est presque 08h. Le ciel est gris, le vent froid souffle depuis le début de la matinée, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, tranquilles, les gens se pressent dans les rues pour vaquer à leur lieu de travail, avec de simples shorts et chemises.
Le froid ? Non, C’est leur quotidien lâche un collègue.
On apprendra plus tard que la veille, il avait plu du côté de la réserve de Kibira, donc le brouillard venait surement de ce côté.
Moi et mon équipe, on se promenait dans les rues avant de prendre la route RN10 Kayanza – Cibitoke. Pour visiter le plus grand barrage du pays, à Rwegura, à quelques 15 km du chef lieu de la province Kayanza.
Rwegura, c’est l’une des zones de la commune Muruta, toujours en Province Kayanza ! Il faut noter aussi en passant que la plus grande usine de Thé du Burundi se trouve dans cette même zone, OTB Rwegura. C’est la période de cueillette. Et, des couleurs qui sortent de la verdure du thé, sont agréables aux yeux. On s’arrête pour prendre une photo avant de poursuivre notre route.
A notre arrivée au barrage de Rwegura, nous sommes accueillis par le responsable du barrage, Célestin Nshimirimana. Rapidement, il nous donne plusieurs détails sur ce lac de retenu de Rwegura, de loin, il nous montre « Là, C’est la rivière Gitenge, une des deux principales rivières, Gitenge et Mwokora, qui se déversent dans ce lac de retenu de Rwegura ». Un vieillard, qui écoutait de près, s’approche calmement et lui coupe la parole pour lâcher « Comparant la faiblesse de sa chute aujourd’hui à sa puissance de l’époque, la rivière n’est plus capable de le remplir. »
Apparement, Célestin Nshimirimana n’a pas l’air de vouloir le contredire, c’est par respect de son âge? Non… il dit vrai, le vieillard était gardien depuis l’époque de la construction de ce central. « C’est vrai que le niveau du Lac de Rwegura a sensiblement diminué durant cette année. Le niveau du Lac de retenu qui était prédéfini par les constructeurs du barrage à 2152,20m, le niveau minimum étant de 2140,50m, or aujourd’hui le niveau est de 2144,27 » Reconnaît Célestin Nshimirimana. Il ne resterait qu’à peu près 3m et quelques pour atteindre le niveau interdit d’exploitation.
{ {{Les effets du changement climatique}} }
Construit en 1982, et inauguré sous la 2 ème République par le Colonel Jean Baptiste Bagaza, le 25 septembre 1986, ce barrage n’avait jamais connu un niveau aussi bas d’eau que cette année.
Une faible pluviométrie dans cette région plutôt abondante, alors que paradoxalement, une inondation, dans d’autres régions, a endommagé le central de Ruzizi 2 en RDC, ont fait que ce barrage se surpasse et continue à exploiter l’eau du lac, explique le directeur de l’électricité au sein de la Regideso.
« La pluie a cessé au mois d’Avril à Rwegura, alors que à l’époque, c’est pendant ce mois qu’il pleuvait beaucoup. Même, la pluie qu’on surnommait de Ndamukiza n’existe plus !» S’exclame Wilson Itangishaka. Donc, le lac même avec une grande pluviométrie en mois de Mai, était toujours en dessous du niveau normal.
Comme ce barrage de Rwegura est le seul possédant, un lac de retenu dans tout le pays, des questions se posent sur ce qui pourrait arriver si sa disparition venait à être tangible. Le directeur de l’électricité est rassurant. Ce lac a été placé dans un endroit où l’eau ne pourra tarir à jamais. En plus, il n’y a pas d’autres canalisations qui se font actuellement pour récupérer l’eau des pluies qui n’était utilisée.
{ {{ Pas de panique, le délestage n’est pas encore en vue }} }
Comme ce central hydroélectrique fonctionnait presque à lui seul, pendant que d’autres étaient en révision ou en réhabilitation, il n’a pas connu de repos depuis le début de l’année. Conséquence ! sur la production annuelle, elle a déjà dépassé la moitié alors que c’est pendant la période de sécheresse qu’elle produisait plus, reconnaît le directeur d’électricité.
Wilson Itangishaka, promet de remuer ciel et terre pour minimiser les conséquences de la baisse de la production d’énergie qui a chuté de presque la moitié. «Nous toquons de gauche à droite pour voir s’il y a ceux qui peuvent nous aider, pour rehausser la production de cette énergie. D’ici peu il y aura une solution à transmettre», indique- t-il, ou une communication à faire à toute la population sur la situation actuelle de la production puisque il aura peut être eu toutes les réponses là où ils ont toqué.
Les coupures de courant qui se voient dans certains quartiers de la capitale Bujumbura ne seraient en aucun cas liées à la diminution de la production. Réfute le directeur « On nous vole des cabines, on nous vole des câbles même enterrés. Alors il y a des moments quand on est entrain de réparer, les gens croient que c’est du délestage alors que pas du tout. »
Il promet que très prochainement la Regideso fera une annonce sur les conséquences de cette baisse de la production et tranquillise que ce ne sera pas forcement un délestage.
La production du courant électrique serait de loin inférieure à la demande en énergie, les raisons avancées par le directeur de l’électricité seraient l’accroissement des villes, alors que depuis 1986 il n’y a jamais eu construction d’autres barrages pour donner de l’énergie proportionnelle à la demande.