« Elle m’emmena dehors, derrière la chapelle, au cimetière. Elle me montra les tombes, et elle me dit, ‘là-bas repose un homme qui s’est battu pour l’égalité. Là repose un garçon qui est mort dans sa lutte’». A l’heure qu’il est, ceux que les autres qualifient de fauteurs de trouble, de criminels, d’irresponsables, etc., ceux qui se taisent au moment où le gouffre s’ouvre devant ou dans le petit Burundi, toutes ces catégories sont, aussi, « Victimes de la situation » aura prédit Lucky Philip Dube. Comme conséquence.
Imaginons –juste imaginons- un ministre burundais des Relations extérieures qui, s’adressant aux diplomates, dit « Vous êtes priés de ne pas vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ».
Les réactions sont plutôt plus riches : « Je vous rappelle que mon peuple finance les salaires de 51% de vos enseignants. Et vous dites que ça ne nous regarde pas ! » (La Belgique). Plus encore, on aurait, « Avez-vous oublié que mon peuple est garant de ce qui est équipements et formation de vos policiers ? » (La Nederland). Le Département d’Etat Américain lui, sort « On entre dans la phase de sélection de vos autorités a qui nous donnerons des visas ». Et les Nations-Unies alors, et la Banque Mondiale/FMI, et le … Bref, le Burundi semble sous embargo, alors que les pays voisins accueillent aujourd’hui 15,000 refugiés (Dept.US).
Alors, comment comprendre le processus de cet état des lieux et transformations ? Comment comprendre comment, d’ici peu, les fonctionnaires ne vont plus être payés ? Comment comprendre ce qui attend le Burundi ?
{{Une attention empoisonnée sur le Burundi}}
Sous le leadership de Jean Baptiste Bagaza, rappelons que le Burundi se distinguait dans des partenariats et références internationaux. Mais encore, quand –début les années 1980- l’avion Concorde de Mitterrand atterrissait la tête de la francophonie à Bujumbura, personne ne pouvait imaginer qu’il ne restait qu’un seul quinquennat au Président Bagaza. On peut sauter au milieu des années 1990. Qu’il faille juste quelques informations à propos du départ du Shāh Iranien -1979-, afin d’interpréter le refuge du Président Ntibantunganya à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Burundi-1996-. Ainsi, ce fut le retour du Président Buyoya au pouvoir. Faut-il s’affirmer que Buyoya avait appris du monde ? Notamment, dans l’entretemps, qu’a-t-il appris de sa formation aux USA ? Le fait est qu’il fut ramené au pouvoir.
Dans la suite, on verra la stable Tanzanie –chez Mula Mula …-, ensuite l’Afrique du Sud ouvrir une grande fenêtre au Burundi, avec leur Grand Homme : Nyerere et Mandela. Méfiance ! Ce n’était pas que des individus qu’il faut percevoir dans le genre d’opérations. « L’Afrique du Sud était ravie d’avoir une base arrière, un terrain d’exploration de la région des Grands Lacs. Mais encore, ses militaires, dont des milliers d’illettrés, allaient découvrir les réalités du monde », me témoignait feu Ambassadeur Mamadou Bah, en marge d’une émission dont le sujet portait sur la xénophobie en Afrique du Sud, en 2008. Au cours de cet échange, l’Ambassadeur, surnommé par ses pairs « Father of Africa » d’ajouter, « Nkurunziza parait comprendre qu’il faut éparpiller ces milliers de jeunes soldats et policiers Burundais dans le monde, pour un peu plus de devises et de revenus, mais aussi, dans l’espoir que leur esprit s’ouvrirait à de nouvelles réalités. C’est aussi une bonne école, si on la cadre bien». Il savait ce qu’il disait, puisque ces « Peace keepers » étaient sous le sponsorship de l’Union Africaine. Maintenant, on s’en vante, même à travers.
{{La sécurité, mais une diplomatie soutenue, d’abord}}
« La paix ne signifie pas l’absence de la guerre », le Professeur Gérard Birantamije, expert des politiques sécuritaires, explique à quiconque défend que le Burundi est un pays en paix. « La sécurité est une question transversale », vient de déclarer le Général Pontien Gaciyubwenge, Ministre de la Défense Nationale et des anciens combattants. Fin Mars 2015, le HCR annonce que plus de 8,000 Burundais ont fui le pays, dont plus de 4,000 abrités au Rwanda.
«Les imbonerakure nous terrorisent, nous tabassent et certains d’entre eux sont maintenant armés. Ils ne se cachent pas, et l’administration connait les meneurs, mais ne fait rien », entend-on de ces réfugiés sur les ondes de la Radio Isanganiro. Quand le pouvoir lance une campagne justifiant et liant cette psychose aux prochaines élections, « Nous rappelons que le gouvernement n’a pas été capable de nous identifier ni ceux qui ont attaqué le pays par la province de Cibitoke, début 2015, une guerre teintée des cas de crimes de guerre selon Human Rights Watch; ni ceux qui ont lynché les trois sœurs italiennes à Kamenge. Juste les deux cas », oppose François Bizimana, ancien député de l’EALA.
Depuis –spécialement- Mars 2014, des résolutions sont proposées, analysées, certaines votées jusqu’au conseil de sécurité des Nations-Unies. En une année calendrier, l’Ambassadeur des USA aux NU, Samantha Power, a visité le Burundi deux fois.
Le gouvernement du Président Nkurunziza n’étant plus à mesure de contrôler le courant de la situation, ni de cadrer son monopole de la « violence » (Le Léviathan), il se retrouve auteur et victime de la situation. Juste deux exemples : premio, le Président est obligé de limoger Mgr Serapion Bambonanire à la tête de la Commission Nationale Terre et autres Biens (CNTB), après plusieurs déclarations et conflits suite à la politique de ladite commission. « Il divise les Burundais au lieu de les réconcilier » (Ligue Iteka). Deuxio, dans la suite des rumeurs d’armements d’une partie de la population, les Nations-Unies, à travers le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme – Za’ad-, vient de répéter ses inquiétudes quant à la sécurité qualifiant « La jeunesse -Imbonerakure- du parti au pouvoir de milice armée ».
En général, la réponse du gouvernement est, soit le silence-radio, soit ce sont des messages –lettres, communiqués à travers des médias étatiques- plutôt accusateurs, et sous la base –scrutez les- de « Nous sommes un gouvernement légitime et un Etat Souverain».
Le 1er Mai prochain sera célébré à Karuzi, mais la question sur les lèvres des Burundais est “Jusque quand les fonctionnaires recevront-ils leur salaire?”
Jusque quand ?
{{L’école de Bagaza }}
En 1984, c’est l’homme qui avait compris ce que veut dire la souveraineté et l’intégrité de son pays. Tenez, ce n’est pas qu’en Afrique, mais à l’occasion de gros événements, l’instinct humain pousse les gens à entrer dans des abjections –de l’intelligence pour nourrir sa famille-. On y reviendrait une autre fois, mais rappelons que ceux qu’on appelle dignitaires, proches et fonctionnaires de la présidence, ont été emprisonnés. Motif ? Comment avaient-ils osé coopérer avec des français, « antagonistes » –pour des commissions-, si grandes furent-elles ? Si de hautes figures de la France furent coincées chez eux pour le genre d’incident, Bagaza fut le plus rigoureux dans cette logique disciplinaire.
Autre exemple, se préparant à accueillir le sommet de la ZEP –presque la même période-, des étudiants de l’ISCAM et sous le nom de la souveraineté, furent sélectionnés et entraînés pour sécuriser l’événement, y compris le Président Mitterrand. Ce fut un scandale pour la diplomatie française, qui fut néanmoins, déçue favorablement ! Cela étant, de l’architecte du Burundi, en tant que Nation Moderne, on en apprendra que peu. Il dessinait, même aujourd’hui, et écoute beaucoup qu’il n’écrit, encore ne bavarde.
A la tête de la commission de l’Union Africaine, le Gabonais Jean Ping découvrit dans des écrits officiels, du « Jean Baptiste Bagaza y avait pensé », ou « Jean Baptiste Bagaza l’avait dit », un ami familier des systèmes panafricains me disait-il. C’est ainsi qu’il proposa à l’Homme, de faire partie du comité des sages de l’Union Africaine. On ne connaîtra jamais Bagaza dans cette sphère. Lui seul sait pourquoi. De cette école, Nkurunziza s’en serait-il inspirée ?